lundi 21 février 2011

Solutions locales pour un désordre global


Cela fait un moment que je veux voir ce film. Je suis encore plus impressionnée que ce à quoi je m'attendais. Impressionnée par ce que j'ai encore découvert comme aberrations. Mais aussi impressionnée par l'intelligence de certains et par les belles initiatives de certains.

Dès le début, des explications sont données sur l'origine des pesticides. Si je n'avais pas été assise, j'en serais tombée sur le popotin. Peut-être le savez-vous déjà? Moi, je l'ai découvert.
Les pesticides et les engrais viennent de la guerre. Suite à la première guerre mondiale, il restait de grandes quantité de poison sur les bras de l'industrie. Que faire? Les vendre très cher à l'agriculture. Evidemment, je résume, les détails sont dans le film.



Autre exemple : le cercle vicieux. Engrais et pesticides tuent le sol. Les cours de microbiologie ont été éliminés depuis 1986, les spécialistes de l'agriculture et certains agriculteurs ne connaissent donc absolument pas les conséquences des produits chimiques sur le sol et les bêtes qui y vivent. Certains agriculteurs labourent à n'importe quel moment et tuent la terre. Les fruits et légumes poussant sur ce genre de terre sont alors des végétaux morts. Ces végétaux nous rendent malades. Mais, comme l'explique Claude Bourguignon (voir à la fin de l'article), ce sont les mêmes qui produisent les engrais et les médicaments...
Quant aux pauvres animaux élevés pour leur viande, c'est un véritable massacre, c'est de la cruauté pure pour vouer une adoration sans fin au dieu Argent. Les animaux sont entassés dans de si petits espaces que les cochons se mangent entre eux ou eux-mêmes. Les éleveurs ne trouvent alors rien de mieux à faire que de leur arracher les dents (sans anesthésie bien sûr). De même, les poules s'attaquent, alors on leur coupe le bec... Il me semble que des humains parqués dans des camions ou trains est un phénomène que nous avons déjà connu... La souffrance n'est pas une exclusivité de l'homo sapiens. Vous imaginez le niveau de souffrance et de désespoir qu'il faut atteindre pour s'entredévorer ou s'automutiler?!

L'industrie agro-alimentaire devient carrément dingo. Elle a créé des poules sans plumes pour éviter les pertes d'azote et de potasse qu'engendraient les plumes. Mais, finalement, les poules sans plumes ont froid, il faut donc chauffer. Mais le chauffage, ça coûte cher. Du coup, les poules à plumes sont revenues.
Par esprit pratique, des tomates carrées ont aussi été créées. Ce qui énerve beaucoup les ingénieurs agronomes, c'est qu'ils ne parviennent pas à créer des oeufs carrés. Ce n'est pas une blague!

Dernier exemple, les semences. Saviez-vous qu'il est interdit d'utiliser des semences qui ne sont pas dans le catalogue établi par le ministère, comme l'explique Dominique Guillet (voir fin de l'article)? Il n'est donc pas possible de cultiver certaines espèces de tomates ou de pommes par exemple. Adieu diversité. Pourquoi? Encore une fois : l'argent. L'argent parce que des lobbies contrôlent les semences et souhaitent donc que seules leurs semences soient vendues. L'argent, encore, parce que certaines espèces consomment plus de pesticides, comme la pomme golden par exemple.



Une des qualités de ce film est qu'il montre également des initiatives positives : Le cercle vertueux :
Antoniets Semen Sviridonovitch (voir fin de l'article) montre sa terre. Pas une goutte d'engrais ou de pesticide en trente ans. Pas de labourage sauvage. Mais du compost - du vrai, avec des bestioles vivantes dedans -, du paillage avec des branches broyées... Et donc une belle terre à la texture "couscous" et non "béton" qui est fertile et prolixe.

Kokopelli est une association qui milite pour la préservation de la diversité des semences. Elle en cultive et en distribue gratuitement partout dans le monde afin que les vraies plantes prennent le dessus sur les hybrides et que nous mangions de bons et sains fruits et légumes. De plus Kokopelli forme les agriculteurs à l'autosuffisance alimentaire.

Le processus pour contrer toutes ces dérives est si simple : le boycott. Beaucoup de gens pensent que la bataille est perdue d'avance ou comme je l'entends souvent : "Moi tout seul, ça ne sert à rien", "Il faut bien mourir de quelque chose"... C'est faux. Les congés payés ont pu exister car quelques hommes se sont rebellés. Gandhi s'est levé seul et tout a changé.
Je crois beaucoup dans le fait que nous votons et agissons avec notre carte bleue.
Si nous boycottons les OGM, engrais, pesticides... et que nous utilisons les alternatives écologiques, humaines, biologiques, le système actuel s'écroulera très vite. C'est en fait si simple, il faut juste AGIR.



Je me demande vraiment comment il est possible de penser de cette façon, comment un esprit peut être à ce point tordu. Comment est-il sainement envisageable de rendre malade, de tuer des millions de personnes pour faire de l'argent?!
Comme le dit Vandana Shiva (voir à la fin de l'article), l'être humain est l'espèce la plus stupide qui existe.

Elle ajoute qu'un génocide est la destruction méthodique d'un groupe ethnique. C'est la parfaite définition de ce qui nous arrive. Les industries productrices d'engrais, d'OGM, de pesticides en connaissent parfaitement les conséquences, elles les vendent quand même. 200 000 agriculteurs indiens se sont même suicidés car ils étaient endettés à cause du prix des engrais et pesticides. C'est avec ces produits qu'ils ont d'ailleurs mis fin à leur jour, parfois seuls, parfois en groupe!


Je finirai sur un point positif. Nous sommes de plus en plus nombreux à résister (le terme correspond parfaitement à la période actuelle). Il faut que chacun croit en son pouvoir de faire changer les choses. Nous avons trop été conditionnés à penser que nous ne pouvons rien contre les "hautes autorités". C'est faux et archi-faux.


Montaigne a dit : "Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux."




La réalisatrice : Coline Serreau
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Les intervenants cités dans cet article :

- Claude Bourguignon : Lydia Bourguignon, maitre ès sciences agroalimentaire et Claude Bourguignon, ingénieur agronome (INAPG) et docteur ès sciences microbiologie, ont quitté l’Institut National de la Recherche Agronomique (INRA) suite à un désaccord avec les orientations et les thèmes de recherches de cet institut.
Après leur départ, Lydia et Claude ont créé en 1990 leur propre laboratoire de recherche et d’analyses en microbiologie des sols (LAMS). Dans ce laboratoire, ils mesurent l’activité biologique des sols agricoles et constatent que celle-ci ne cesse de baisser à travers le monde ; en Europe, 90 % de leur activité biologique a été détruite. http://www.solutionslocales-lefilm.com/personnages/lydia-et-claude-bourguignon
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- Dominique Guillet : Président fondateur de Kokopelli, association qui milite pour la sauvegarde de la biodiversité des semences, Dominique Guillet a compris depuis toujours que le salut de l’humanité passait par le respect de la terre. http://www.solutionslocales-lefilm.com/personnages/dominique-guillet
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- Antoniets Semen Sviridonovitch : A l'époque de l'URSS, Antoniets Semen Sviridonovitch était directeur d'un kholkoze en Ukraine, ces fermes collectives d'état de plusieurs milliers d'hectares. Après la guerre, avec la révolution agricole et industrielle, Moscou lui envoie des produits à mettre dans les champs (dont du DDT) afin de prémunir les plantations contre les maladies, et d'augmenter les rendements. Les femmes qui s'occupent traditionnellement de la terre et des plantations ont donc répandu ces poudres “miracles” et Antoniets Semen Sviridonovitch les a vues tomber malades et développer de graves maladies de peau. Il a ainsi décidé que, “de son vivant, personne n'utiliserait plus ces produits” et a consacré toute son intelligence et son énergie à développer des techniques culturales respectueuses de la santé des kholkoziens et de la terre qui les nourrit. http://www.solutionslocales-lefilm.com/personnages/antoniets-semen-sviridonovitch
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-Vandan Shiva : Physicienne et épistémologue, diplômée en philosophie des sciences, Vandana Shiva est l’une des chefs de file des écologistes de terrain et des altermondialistes dans le monde. En 1993, Vandana Shiva a reçu le «Right Livelihood Award», communément appelé le Prix Nobel alternatif. http://www.solutionslocales-lefilm.com/personnages/vandana-shiva





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