dimanche 23 octobre 2011

Les chats des Halles contraints à l'exil

Les chats des Halles contraints à l'exil

De nombreux chats avaient pris l'habitude de sillonner l'ancien jardin des Halles. Crédits photo : Chadhal.

De nombreux chats avaient pris l'habitude de sillonner l'ancien jardin des Halles. Crédits photo : Chadhal.



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Chantier de rénovation oblige, la Ville va verser 10.000 euros pour les évacuer.

Dans l'obscurité adoucie par les néons des restaurants alentour, Valérie Massia et deux bénévoles de l'association Chadhal se glissent au-dehors de l'exiguë cabane en bois mise à leur disposition dans un recoin des Halles. Les trois femmes charrient des cages en fer oblongues et plusieurs rations de nourriture.

Leur mission, ce dimanche soir comme deux ou trois fois par semaine : réussir à «trapper» quelques individus parmi la trentaine de chats arpentant encore ce qui subsiste des jardins du Forum. «C'est difficile, ils n'ont pas faim car des gens les nourrissent, se plaint Valérie Massia, la présidente de Chadhal. Nous leur expliquons qu'ils desservent les animaux mais certains, qui n'acceptent pas de voir le décor changer, ne veulent rien entendre.»

On manque de familles d'ac­cueil

Pourtant, le temps presse. Plus le chantier de rénovation avance, plus les félins courent un grave danger. «Ils sont déprimés, très perturbés par la modification et la restriction de leur habitat, explique Valérie Massia. Leur situation est à pleurer, il y en a qui vivent au milieu des gravats et des engins de chantier car ils refusent de quitter leur territoire.»

De nombreux matous avaient en effet pris l'habitude de sillonner l'ancien jardin Lalanne, un petit paradis de nature où les arbres ont été coupés et où ils se déplacent désormais à découvert. Chadhal, qui s'active depuis plusieurs mois, est parvenu à en sauver environ 60 pour les expédier vers des contrées plus accueillantes. «On manque de familles d'ac­cueil, alors on les envoie surtout dans des associations de protection à la campagne, en Bourgogne, dans l'Est, le Nord et en Normandie. On a aussi des possibilités dans le Sud, mais cela coûte trop cher.» À chaque fois, un bénévole se dévoue pour accompagner l'animal en TGV. «Je ne vous dis pas la facture ! Au total, ça revient à environ 500 euros par animal en comptant les soins.»

Vols de chatons

Le Conseil de Paris, réuni en ce moment, doit voter une subvention de 10.000 euros à Chadhal, mais l'association accuse déjà un découvert de plusieurs milliers d'euros à la banque. « Au départ, nous étions censés recevoir 15.000 euros. Quand les gens l'ont appris, ils ont pensé qu'ils n'avaient plus besoin de nous aider et nous ne recevons plus de dons*», se lamente Valérie Massia.

Lors de sa fondation, en 2007, Chadhal, notamment soutenue par Bernadette Lafont et Jacques Dutronc, devait se borner à «soigner et tatouer les chats pour leur donner un statut qui les protégeait». Vols de chatons revendus plusieurs centaines d'euros lors des fêtes de fin d'année, adultes enlevés pour des trafics de peaux, des tests en laboratoire ou même des sacrifices rituels, la liste des malveillances était longue…

Dans l'urgence, Chadhal a dû revoir ses priorités et évacuer ses protégés. «On ne savait pas que le chantier allait prendre une telle ampleur et qu'il n'y aurait plus de place pour les chats. Du coup, on en a relâché qu'on essaie de rattraper…» Et une fois que l'opération sera finie? «Chadhal ne s'arrêtera pas, on va suivre le devenir des chats placés et on sait aussi que certains ne se laisseront jamais attraper.» Comme dimanche, une soirée où les bénévoles ont fait chou blanc.


Pour aider l'association, adressez vos chèques à l'ordre de Chadhal au 39, rue Saint-Sauveur, 75002 Paris. Les dons en ligne sont possibles sur http://chadhal.free.fr. Si vous souhaitez adopter un chat des Halles, téléphonez au 06-08-62-44-36.

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